event n°1 : concert caritatif

La nouvelle arriva tel le Messi inespéré. Un concert caritatif, exactement ce qu’il lui fallait. Car ce n’était pas de pure bonté de coeur que Korë avait traversé tout un océan pour poser ses valises dans le coin. L’idée était de sortir de son luxe putride, de son cercle de sûreté qui se muait peu à peu en un cercle vicieux dont elle ne parviendrait à se défaire si ce n’était maintenant, là, aujourd’hui. Le voyage n’avait finalement que très peu d’intérêts physiques en comparaisons de ceux psychiques : ainsi elle s’engageait à briser la chaîne de la luxure, de l’habitude —allant de paire chez les Forbisher. Aussi vit-elle en cette soirée l’occasion d’allier ses nouvelles résolutions à son activité préférer. Quelle merveilleuse invention que de pouvoir se faire plaisir tout en aidant autrui. Non, vraiment, Korë était aux anges. Sa cousine, elle, ne vit pas les choses du même oeil et se retint d’adresser plusieurs noms d’oiseaux à l’héritière égoïste en passe de reconversion. Selon elle, son action n’avait rien de charitable. Ce fut ainsi qu’elles s’étaient séparés en vue de la soirée. Tant pis tant mieux ! se dit Korë, comme à chaque fois qu’elle se sentait contrariée sans savoir se l’expliquer.
Ce fut donc seule mais non esseulée qu’elle se présenta à la fête, déposa ses affaires à l’entrée non sans rechigner. Doublement rembrunie, elle se dirigea naturellement vers le bar : un verre de jus ne suffirait pas à effacer la ride contrariée installée entre ses deux yeux, mais rien d’autre ne la tentait. Ou n’aurait dû la tenter. En attendant son breuvage, elle pratiqua une courte méditation : sa poitrine se gonfla puis revint à son niveau initial. Ca va déjà mieux ! qu’elle se dit comme pour s'en convaincre. Être seule dans une foule d’inconnus, dans un pays, un continent inconnu n’était guère chose aisée. Mais elle n’était pas venue là pour pleurer sur son sort, bien au contraire. Alors son oreille fut distraite par voix qui commandait un chocolat chaud. Vraiment ? Elle tendit l’oreille et dès qu’elle vit l’étranger désespérer de trouver son téléphone pour régler, elle déverrouilla instinctivement le sien et le colla à la machine tendue par le barman.
- De rien ! Qu’elle lança à l’inconnu auquel elle sourit. Un bip valida son paiement. Elle lança un sourire au barman et se tourna vers le jeune homme.
- Ne t’en fais pas, ça me fait plaisir. (Il n’avait toujours rien dit) Et histoire de régler tout malentendu : non ce n’est ni un moyen de te tuer pernicieusement ni de te draguer. Elle attrapa son jus qui venait de lui être servi tout en se remémorant la dernière fois qu’elle s’était montrée courtoise.
- Tchin ? Le verre levé en guise d'invitation.

Spoiler:

elle avait reçu deux invitations par la poste. l'adresse avait été jolimement écrite, beauté calligraphique. il y a un truc un peu gênant dans ce système d'invitation. d'un côté, c'est drôlement pratique d'en obtenir lui permettant de se rendre à des concerts auxquels elle n'aurait même pas eu l'idée de s'y rendre d'elle-même - puis c'est le taf qui veut ça, bon. d'un autre côté, lorsque le dit évènement est fait dans une volonté caritative, c'est intimement gênant. une fois que l'on avait dit ça, pamela avait toujours ses deux places au fond de son sac dont elle ne savait pas encore si elle allait en faire usage.

les concerts caritatifs, elle les connaissait que trop bien. ces dernières années, il faut dire qu'elle avait pris part à de nombreux évènements solidaires que cela soit en tant qu'organisatrice, tête d'affiche ou en simple spectatrice.

elle n'était pas particulièrement d'humeur. arcade fire pouvait bien aller brûler en enfer si c'était pour qu'on la laisse tranquille. mais voilà, qu'elle était là à faire la queue dans la file.

elle checke rapidement ses messages.
de simon : meuf, j'suis déjà à l'intérieur. j'suis déjà bien accompagné, ceci joint d'une photo presque flou de simon et de sa pinte de bière.
ça lui donne le sourire, il est fort simon.

derrière elle, une voix se fait entendre plus que les autres. une histoire de place manquante ou parce que quelqu'un c'était rajouté. l'affaire n'est pas claire et pamela ne peut s'empêcher de tendre l'oreille. curiosité qui lui pend au nez et elle n'ose pas se retourner pour observer totalement la scène.

elle finit par avancer jusqu'à atteindre l'étape non négligeable de la sécurité.
elle passe sans encombre et sans suprise l'inconnu(e) de derrière se fait rembarrer. ça s'énerve un peu, le ton devient plus raide. ça veut convaincre qu'iel est une personne honnête.

pamela se retourne d'un mouvement rapide et fait marche arrière en direction du vigile et de l'inconnu(e). le visage de la jeune laflamme est bienveillant. ses mots s'accompagne d'une voix douce.
- désolée, j'ai complètement oublié de te donner ta place.
elle fouille dans son sac en bandoulière dont elle sort la seconde invitation qui aurait été de toute façon perdue. si ça peut faire plaisir à quelqu'un, il n'y avait pas à hésiter.