nuit noire.

Bâillement qui s'échappe de sa gorge, caresse ses lèvres. une main lasse qu'il passe dans ses cheveux, un regard en biais vers son smartphone. putain, les minutes défilent et il est toujours là au lieu d'avoir l'cul posé dans son canapé. Mais c'est tranquille, c'un gars franchement patient narcisse. alors il est juste là, les pieds bien vissés sur l'quai, à regarder les passants qui défilent devant ses yeux. « bon les gars, j'compte pas dormir là. » qu'il baragouine. mots qui se mêlent aux conversations houleuses des autres.

parce que franchement, les gens commencent vraiment à s'énerver. surtout qu'ils sont dans l'flou le plus total, pas d'explication sur le retard. nouveau regard vers le smartphone. juste l'envie de se jeter dans son lit, d'dormir d'un sommeil sans rêve « et merde ! » le portable qui s'éteint (comme par hasard). les yeux qui se ferment, nouveau soupir. vraiment pas sa soirée, l'hésitation de partir à pied et d'errer dans les rues jusqu'à rejoindre son domicile.

Ce soir encore, tu as trop bu. Un hoquet t'arrache quelques aigreurs d'estomac, visage grimaçant, habitude dérangeante. Dans la rue comme un chien errant, tu traverses Toronto et ses lumières nocturnes, les visages débauchés ou simplement fatigués attirent ton regard, et t'es là à pratiquement les envier de les voir accompagné. Parce que toi, t'es noyé dans ta solitude avec ta bouteille dans son papier recyclé. Elle appelle tes lèvres comme une acharnée, tu décides de l'embrasser de tes lippes amourachées. L'éthanol ravive les douleurs, tout comme elle vient les apaiser. Tu ne saurais plus t'en passer, Nolan. C'était ça, ta vérité. Tes pas dansant te dirigeaient vers le métro, il était l'heure pour toi de rentrer. Besoin de se poudrer le nez, comme chaque soir, une fois qu'il se faisait tard. Tes habitudes illusoires te bouffaient les entrailles et toi, t'étais incapable de le voir. Triste vérité pour un homme sûrement trop cassé. L'alcool brouillant ton regard, tu ne prêtais même pas attention au quai sur lequel tu te dirigeais. Mais t'y voyais une multitude de corps, des âmes pressées de rentrer, impatientés. Ça puait le retard, et toi, t'en rigolais. Tu rigolais comme un fou, parce que tout le monde semblait être à un enterrement. Quelques regards se posaient sur toi, fallait dire que tu ressemblais à un homme dérangé. Ne l'es-tu pas, Nolan ? Puis tu prenais l'épaule de la première personne venue, comme s'il n'était pas qu'un simple inconnu. "Hey toi -hoquet qui se répétait-, arrête de faire la gueule, tu veux une gorgée ?". Envahissant, Nolan. Toujours.