Summit meeting at the park
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@"Korë Forbisher"


Korë Forbisher

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inscription : 15/11/2020
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Lun 16 Nov - 15:28
DATE// 16/11/2020
LIEU// un parc de taille moyenne
HEURE// 18:30
NOMBRE DE PARTICIPANTS// 1
PLUS// #rplibre

Si elle avait été seule à décider de déménager dans le coin, Korë ne pouvait cependant s’empêcher de remarques absurdes. Tantôt l’air frais dérangeait sa peau velouté habituée à la chaleur anglaise si reconnue, tantôt Toronto se parait de lumières et splendeurs à l’évidence uniquement visibles par l’intéressée. Ce jour là penchait vers la deuxième option : Korë s’était réveillée d’une humeur particulièrement enjouée, sans aucun doute poussée par les rêves féériques qui avaient rythmés sa nuit. Alors elle en avait profité pour mettre la musique à fond afin de dépoussiérer l’appartement qu’elle partageait avec sa cousine —un espace ridicule en comparaison du duplex familial londonien. Mais de même qu’elle devait assumer d’avoir pris la décision de vivre dans des conditions plus rustres, l’héritière devait également s’adonner à des activités jusqu’alors impensées à l’image du ménage. Elle s’était engagée auprès de sa cousine qu’il avait été difficile de convaincre de l’accepter chez elle : celle-ci peinait à croire que Korë tiendrait sur la longueur dans son rôle de femme indépendante au train de vie plus modeste, d’où certains engagements pour lesquels elles avaient toutes deux signés. Le ménage faisait absolument parti du deal. A croire qu’elle pense vraiment que je n’ai jamais touché un aspirateur de ma vie ! songea Korë tout en s’emmêlant les pieds dans le fil de la machine et manquant de se retrouver au sol. Elle persista et se déclara satisfaite après quelques minutes de dur labeur. Ce dernier n’avait pas tari son humeur décidément joyeuse, elle enchaîna donc sur un footing puis une séance de spa maison. Et la journée passa en un rien de temps. A peine le repas (ou plutôt le festin) prêt, elle se décida à aller chercher sa cousine au travail. Ni une ni deux, gants en cuir aux mimines, elle s’élança sur son tout nouveau vélo en direction du bar.

Son regard se perdait sur les enfants qui rentraient chez eux après l’école ou bien une activité extra scolaire, les parents pressés à l’affût du moindre danger. Scarborough était vraiment le quartier idéal. Il lui permettait de se fondre dans la vie quotidienne de familles modestes, là où la sienne avait été plutôt bancale et hors du commun. De partager avec eux les moments de douceurs et de joie, de complicité. Korë s’y faisait presque à la vie de bobo (à condition de ne pas prêter attention aux étiquettes de luxes parées sur chacun de ses vêtements).
L’un des lieux qu’elle avait redécouvert était le parc. Ce lieu qui avait bercé son enfant et qu’elle n’avait que très rarement côtoyé depuis lors. Celui devant lequel elle passait justement était situé de telle sorte qu’elle passait toujours une fois par jour devant. Ce qu’elle aimait épier les amoureux, créer des histoires aux nouvelles têtes et reconnaître les habitués ! Aujourd’hui ne manqua pas à l’appel : depuis l’extérieur, elle aperçut un couple ébahi devant leur petit dont seul le bout du nez sortait de son manteau descendre un toboggan. Son regard vagabondait sur tout le parc tandis qu’elle le traversait, le vélo à ses cotés, quand elle crut reconnaître une tête. Elle se mit en tête de la surprendre, aussi adossa-t-elle sa bicyclette contre un arbre et s’approcha-t-elle discrètement de sa proie pour la surprendre en arrière.
- COUCOU ! Lança-t-elle un peu trop fort. L’intéressée sursauta et renversa une boisson sur elle. Korë ne comprit son erreur qu’une fois le drame produit : emportée par son entrain, elle venait de surprendre un parfait étranger qui avait peut-être décidé de profiter d’une pause calme dans une journée bien chargée. Elle se maudit intérieurement et continua dans sa lancée :
- Mince, que suis-je bête désolée ! C’est tout moi ça, je veux faire une blague et ça tombe toujours à l’eau. Jusqu’alors concentrée sur la boisson renversée, elle releva les yeux vers sa victime et la surpris à la dévisager. Ah oui, elle devait se demander qui était cette folle.
- Oh non n’ayez pas peur, je m’appelle Korë. Je vous vois souvent dans le parc et... Prenant conscience de la bizarrerie de ses propos elle se reprit :
- Non que je vous stalke hein, ne vous inquiétez pas je suis pas une harceleuse. Pas comme celle dans le documentaire qui est passé la semaine dernière aux infos. Vous en avez entendu parlé ? Qu’elle affreuse histoire. Elle ne s’arrêta de parler que pour se rendre compte de l’absurdité de la situation. Aussi, pensa-t-elle, que la meilleure chose serait de se taire. De se taire et de fuir. Elle pinça les lèvres et resta là, pantoise, un vague sourire gêné sur les lèvres qui, de l’extérieur, n’avait rien de psychologiquement sain.

@"Joaquina Malone"


Joaquina Malone

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Mar 17 Nov - 19:55
ta respiration va vite, très vite, trop vite. essoufflée, tu te refuses pourtant d'arrêter. les mots sortent de ta bouche comme des balles, et au même titre qu'elles, tu voudrais tout détruire sur ton passage. tu prends des élans, combats des monstres invisibles avec tes mains, et ne cilles pas. la musique s'arrête, et tu marques alors une pause, avant de susurrer à l'oreille du micro une phrase de fin. clap, c'est fini. t'as le sourire jusqu'aux yeux, et ton coeur pourrait exploser de joie. t'as tout donné : toute ta voix, tous tes morts, toute ton âme. t'as hâte d'entendre le résultat, de pouvoir modifier les petits défauts, et finaliser cette version de la chanson. malgré ça, tu sais que c'est la bonne prise, enfin. "med', le temps est écoulé." tu sors du studio, presque en courant, et manques de déraper et d'atterrir au sol. les épaules hautes, tu fais comme si de rien n'était. "déjà ? j'ai pas encore eu l'temps de faire les ajustements." la passion plus forte que tout, t'as pas vu le temps passer, et t'essaies d'en gagner un peu, de grapiller des minutes sacrées de cette bulle magique. "t'as payé pour deux heures, ça fait deux heures. j'ai d'autres génies qui attendent." il a le ton rieur, voire moqueur. t'as jamais prétendu être une génie du rap, ou de la prose, mais t'as que ça à donner au monde. sans un mot de plus, tu capitules, récupérant ta composition, ton chant, ton rap, ta future nouvelle merveille. en dix minutes t'es sortie du studio d'enregistrement, durement gagné et durement payé. toutes tes économies passent là, dans ce pauvre bâtiment qui paie pas de mine vu de l'extérieur. mais toute ta vie est là, tout ton avenir, alors pour y aller tu mets les moyens qu'il faut. c'est le coeur léger que tu quittes la rue, retrouvant la sauvagerie de la grande ville.

après être passée par un bar à smoothies -comme une récompense que tu t'offres, un encouragement, un clin d'oeil- tu décides de couper par le parc pour rejoindre ton studio. pressée d'y arriver, pour écouter l'enregistrement, et pouvoir travailler là-dessus, et sur tes prochains textes. y'a que d'la joie en toi, t'es une bulle de bonheur que rien ne pourrait éclater. sauf que t'es passée au mauvais endroit au mauvais moment. surprise par une voix qui t'arrête dans ton élan, tu sursautes, et ton smoothie se fait la malle, la moitié sur ton t-shirt, l'autre sur le sol. "et merde !" t'auras à peine eu le temps de le déguster. tu te retournes brusquement, voulant voir de face le visage de l'accusé. une jeune femme, dans ta tranche d'âge, le regard aussi doux que navrée. sans avoir le temps de râler ou d'en placer une, elle parle, encore et encore, et t'as l'impression qu'elle ne s'arrêtera jamais. "hein ?" mais elle continue, et tu tends à croire que malgré son visage angélique, elle est peut-être plus dérangée que tu le pensais. elle s'arrête enfin, presque gênée par ses propres actes. "t'essaies de me faire tuer en douce ou de me draguer ?" le verre en main, tu ne la quittes pas du regard, malgré le jus de la boisson qui glisse de ton t-shirt et perle au sol. tu ne sais pas encore comment réagir, quelle attitude adopter. "je me réjouissais vraiment de cette boisson." quelques mots dits, plus pour toi-même que pour elle. tu l'analyses, en te remémorant ses propos. toi, t'arrives pas à la situer. "je t'ai jamais vu moi."  un aveu ? un pardon ? une façon de dire que tu n'es pas intéressée, peu importe la situation ? à ton tour, tu laisses la place au silence.

Spoiler: